Le court mais dense et passionnant essai du grand anthropologue Georges Balandier (95 ans !) auteur d'une trentaine d'ouvrages de référence sur les mythes et les "tendances" des sociétés traditionnelles et contemporaines. Titre de cet ouvrage : "Recherche du politique perdu". On y lit notamment : "Le politique ne se supprime pas, il se dégrade. Il laisse alors un vide où s'expriment la plainte et l'attente d'un autre monde. C'est dans ce vide aussi que la violence fait irruption et réveille le sentiment d'insécurité".

Le sociologue rappelle d'abord cette phrase de TOCQUEVILLE : "Plus un phénomène désagréable diminue, plus ce qui en reste est perçu ou vécu comme insupportable". Ainsi "nous dénonçons aujourd'hui des choses largement tolérées jadis (bagarres entre jeunes, violences policières, violences conjugales) ; la violence est un terrain d'instrumentalisation politique et de spectacle médiatique ; crier à l'insécurité permet de se poser en garant du retour à l'ordre". Il ajoute (Cf. la voiture de police en feu") qu'il faut compter avec "notre fascination naïve pour les images qui nous empêche de réfléchir". A noter aussi que le degré de violence des manifestations est inversement proportionnel au degré du dialogue social.