Le flamenco, un chant métissé !

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« … J’aime quand même votre idée d'hybride. Je dirais que si nous avons affaire à des cultures très originales, nous voyons que l'origine de ces cultures sont elles-mêmes le fruit de rencontres. Le phénomène de la rencontre crée donc du nouveau, une émergence nouvelle. Une culture doit à la fois s’ouvrir et se fermer. Se fermer dans le sens où elle doit maintenir sa structure, son identité - parce que l’ouverture totale est la décomposition. Mais s’ouvrir reste la seule façon de s’enrichir, c’est-à-dire intégrer du nouveau sans se laisser se désintégrer. Prenons un exemple musical auquel je tiens beaucoup, le flamenco. Ce chant me semblait le plus pur et le plus authentique qui soit… En vérité, il a des sources indiennes, ibères, arabes, juives. C'est justement cela qui a permis que se crée quelque chose d’original - qui est en plus le message chanté du peuple gitan. Bien entendu, le flamenco risquait de se dissoudre, mais s'il a ressuscité aujourd'hui, c’est parce que quelques-uns ont voulu le garder. On voit bien qu’une culture peut très bien se diversifier, que le métissage est créateur d'une nouvelle identité… »

Edgar Morin « Dialogue sur la nature humaine » (Ed. de l’Aube)