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Papá,ayúdame a mirar !

le .

S’arrêter au bord d’un champ, après une chaude pluie d’orage, couper le moteur du tracteur, observer la pousse des plants ; sentir, littéralement, de tous nos sens, la poussée de cette vie qui germe sous nos pieds, futures récoltes encore à l’état de promesse, alignées en sillons tracés bien droits, illusion d’une certaine maîtrise d’un petit bout du cycle de la vie…

Flatter la croupe pleine d’une vache ou d’un cheval, d’une belle bête en tout cas, en suivant la courbe du muscle, la lumière se reflétant sur son poil lustré, signe d’une solide santé, récompense des soins attentifs de l’éleveur…

Courbé en deux, désherbant le jardin, le piment, se redresser doucement pour soulager ses reins, et là, se prendre en pleine face la carte postale dans laquelle on travaille, une vue dégagée, plongeante, sur la campagne et les villages alentour, s’étirant jusqu’à l’océan…

Une grande goulée d’air tiède, et nous voilà pris d’une sensation de plénitude, pleins de tout ça, là, devant nous, le paysage, les bêtes,
les semis.

Sensation qui me semble très justement exprimée par la simplicité de ces mots d’enfant : « Papá, ayúdame a mirar ! » Aide-moi à regarder ! Ainsi s’exclame le petit garçon voyant pour la première fois l’immensité de l’océan dans une nouvelle d’Eduardo Galeano, écrivain uruguayen.
Mot d’enfant qui met le doigt, là, sur ce sentiment de petitesse, cette conscience de notre être si étriqué, limité, et sur notre insuffisance à accueillir tant de beauté d’un coup.

La beauté, sous ses formes les plus diverses, est souvent le déclic nous permettant d’accéder à ces tout petits moments de grâce et d’harmonie, cachés dans les scènes de vie les plus anodines.
Simples taches de couleur ou tableaux de maître, égayant un ciel parfois obscurci.