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"Loués soient nos seigneurs"

Extraits du livre de R. DEBRAY : "... Fidel CASTRO mélange de PROMETHEE et de DAVID dans les quartiers pauvres de l'hémisphère, de CARACAS à HARLEM traîna jusqu'à la fin tous les cœurs avec lui... L'Amérique latine vénère en lui un résistant décoratif, celle du Nord, un trublion original... Mégalomane minutieux, dissimulé expansif, naïf roublard. Fidel prêtait une attention détaillée à la fourmilière du jour... Fidel reste pour moi une voix, une intonation qu'il me suffit d'entendre par hasard à la radio pour en rester saisi... Le Cubain fait la différence entre une cause et un programme, entre ce qu'exige la doctrine et ce que permet la réalité. Fidel CASTRO est un politique".

L'ennemi selon Régis DEBRAY

"Il est clair qu'un homme sans ennemi est un homme sans destin... L'Etat visé décuple malgré lui l'efficacité de l'adversaire en battant tambour, en évoquant les scénarios du pire, bref, en prenant les mesures qui s'imposent... Il importe de redoubler notre intelligence des religions, la connaissance de leur passé, de leur sagesse et de leur folie... Eriger un petit voyou en soldat au motif qu'il vous tient lui-même pour un ennemi, n'est-ce pas lui faire bien de l'honneur ?".  

Paul VALERY cité par Régis DEBRAY

Dans son livre "Le nouveau pouvoir" (Editions du CERF), "La vie moderne tend à nous épargner l'effort intellectuel comme elle le fait de l'effort physique. Elle remplace, par exemple, l'imagination par les images, les raisonnements par les symboles et les écritures, ou par des mécaniques, et souvent par rien. Elle nous offre toutes les facilités et tous les moyens courts d'arriver au but sans avoir fait le chemin".

Régis DEBRAY et MITTERRAND

Sur le Président dont-il fût le conseiller (il faut lire "Loués soient nos seigneurs") Régis DEBRAY dit : "Le moment MITTERRAND quand on le voit avec du recul, cela fait charnière entre le XIXème siècle et le XXIème siècle, entre l'archéosocialisme des ouvriers typographes et le néo-capitalisme des entrepreneurs à l'américaine". Et d'ajouter : "On croyait qu'il fallait prolonger la lignée JAURES-BLUM... Ce grand monsieur haussa sur le pavois SEGUELA, BERLUSCONI et TAPIE qui n'étaient pas vraiment au programme... On pensait que le pèlerinage au Panthéon était un bon jour, c'était la cérémonie des adieux !".

Régis Debray parle "Gascogne"

« Un cadet de Gascogne a des références et un tout autre CV que Tartarin de Tarascon, Raimu ou Fernandel. La gasconnade est rieuse et non burlesque, la rapière fait moins farce que le tromblon et la plume au chapeau n'empêchera pas d'Artagnan, pour de vrai, d'être tué sous les murs de Maastricht … On respectera toujours un homme qui a l'accent, sait parler taureaux et rugby, et donner l'âge d'un armagnac hors d'âge au premier lapement ».

Régis DEBRAY sur CASTRO

"Est-il trop tôt encore pour savoir dans quelle niche l'histoire rangera demain cette figure insolite, BOLIVAR prolongé ou MUSSOLINI tropical. Pile ou face. Et le choix final du stéréotype en dira encore plus sur l'historien et son moment que sur son condamné ou son héros... Le romantisme côtoyait le cynisme. Robin des bois, le Prince de Machiavel, et la générosité, la cruauté". Et de rappeler qu'à La Boisserie trône encore aujourd'hui une boîte à cigares ouvragée bien en vue, un cadeau de Fidel CASTRO au général de GAULLE. A lire les relations entre CASTRO et DEBRAY dans le remarquable ouvrage "Loués soient nos seigneurs" (GALLIMARD).

Verbatim de Régis DEBRAY (in Marianne)

« Le valorisant n'est plus le peuple, la Nation, l’État c'est toujours plus une entreprise. La France, disait Clemenceau, a toujours été le soldat de l'idéal. Elle semble n'être plus que le petit soldat des comptables de Bruxelles … L'immense erreur de calcul du Gouvernement français actuel est de postuler que l'imaginaire, les passions, les idéaux sont solubles dans le pouvoir d'achat … Quand le politique n'a plus rien à dire aux gens, il se met à les écouter et c'est le comptable qui lui vole le crachoir ». A lire de R. Debray : « L'erreur de calcul » (Gallimard).