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Envoyer au-delà

Etymologiquement : transmettre signifie ‘‘envoyer au-delà’’, tout comme le mot tradition vient du latin ‘‘tradere’’ qui veut dire transmettre. La boucle est bouclée ?

Transmettre, c’est résister : en conservant la mémoire, on transmet ce qu’on a reçu.

Transmettre, c’est inventer : débattre et critiquer ce que les autres nous ont transmis pour le  réinventer en le rendant accessible  tous les jours aux plus jeunes.

Transmettre c’est inévitablement perdre, car la transmission est le mouvement permanent de l’humanité qui nous engendre et nous traverse.

Transmettre, c’est donner une valeur qui ne se discute pas, une force de la tradition, pour sortir de l’enfance, de l’ignorance, pour civiliser par cet effet intergénérationnel puissant.

Transmettre, c’est relativiser son narcissisme : tu n’es que le maillon d’une chaîne, un jour tu t’éclipseras et le Monde continuera...

Le déficit de transmission des valeurs universelles crée des civilisations en crise.

La peur selon le psychanalyste J.P. WINTER

L'auteur de "Transmettre ou pas" souligne que "nous vivons dans un monde qui est devenu illisible et l'incompréhension est sans doute la cause première de la peur... Les fous de Dieu sont des individus qui ont probablement encore plus peur que les autres... La guerre oppose les folies de l'illusion religieuse aux folies angoissantes des progrès scientifiques déshumanisants". 

Quid tradere ?

Je transmets mes gènes

Tu transmets ton nom

Il transmet son savoir

Nous transmettons nos valeurs

Vous transmettez vos croyances

Ils transmettent la vie

Transmettre,  « envoyer au-delà »

Au-delà de moi-même

Au-delà de mon parcours

Au-delà de ma génération

Laisser une empreinte… ou pas

Passer le relais, le témoin

Et surtout transmettre autour de moi

Une certaine idée du bonheur

Une certaine idée de la sérénité

La faculté de s’adapter

Pour avancer, faire face, faire bouger

Alors transmettre c’est peut être Tout simplement Espérer

Socrate 2.0

En ces temps de progrès, où il est de bon ton de rompre avec le passé et la tradition, que peut-on transmettre ?

Oui,  dans un monde, où les moyens de communication ont fait des progrès incommensurables, où le Web 2.0 est devenu une source d’information sans fin et sans fonds, nous sommes passés d’une société de la transmission à une société de la connaissance. Sans rassurer, ni encourager.

Les jeunes ne reconnaissent plus forcément les adultes comme des détenteurs de savoir, de valeurs et de la civilisation.  Ils les considèrent parfois comme inutiles. Ils sont moins motivants qu’une vidéo de YouTube mettant en avant le plaisir plutôt que l’effort.

Face à ce raz-de-marée d’informations, de connaissances, mais aussi de rumeurs, de théories mensongères, il faut maintenir sa conscience éveillée, critiquer et débattre, tel Platon.

En passant d’une société de la transmission à une société de la connaissance, nous devons choisir de devenir des gardiens de la conscience pour nos futures générations. Nous devons réécrire ou inventer nos traditions pour cimenter l’universalité.

Le défi dans ce contexte est d’apprendre à faire le tri, d’éliminer, d’organiser, faire des liens, distinguer le vrai du faux, vérifier et confronter. Plus que les moyens de communication mis en cause, c’est l’usage qui en est fait. Les connaissances et les savoirs nous ont dépassés à un point tel que nous sommes obligés de devenir les gardiens de la civilisation pour pouvoir continuer à transmettre, inventer, créer.

Nous ne transmettons plus des vérités, nous en montrons le chemin sans en cacher les aspérités.  Des Socrate 2.0.